3 décembre 1990. Dans une clinique de Cincinnati, dans l’Etat d’Ohio, aux Etats-Unis, Savannah Hemmings et Thomas Brown accueillent un petit garçon qu’ils baptisent Noah. Ils se sont rencontrés trois ans plus tôt sur le campus de Stanford, au sud de San Francisco, alors qu’ils étaient encore à l’université, et que Savannah était une étudiante d’échange australienne venue de Brisbane, Queensland, avant d’emménager ensemble dans l’Ohio, dont Noah est originaire. Savannah travaille dans un cabinet d’avocats de Cincinnati, et Thomas s’est associé à son frère Mason pour lancer sa propre affaire dans le secteur de l’immobilier. Noah est le premier enfant à naître au sein de ce ménage aisé, et il sera également le dernier.
21 octobre 1994. Après une lente détérioration de leur relation en raison du succès grandissant de l’affaire de son mari et de son beau-frère, et de la quantité de travail, de déplacements, d’absences et de disputes qui en découlent, Savannah finit par demander le divorce, qui est officialisé par son propre cabinet le 17 juin 1995 ; c’est à elle que revient la garde de Noah pendant l’année scolaire. A Thomas, on attribue la garde de son fils pendant les vacances scolaires.
3 septembre 1995. Un mois après avoir emménagé à Brookline, Massachusetts, une petite ville de la périphérie de Boston, Savannah prend ses fonctions au cabinet d’avocats Kelly & Smith à Boston. Noah fait sa première rentrée à Dexter Southfield, une école privée de Brookline, qu’il fréquentera jusqu’à la fin de ses études secondaires. C’est la pension alimentaire de son père qui paie chaque année les droits d’inscription relativement astronomiques de Dexter School.
Avec ses grands bâtiments clairs aux toits rouges et aux couloirs en arcade, sa vue sur l’horizon de Boston, découpé par les gratte-ciels, ses trente-six acres de parc boisé, ses terrains de sport, sa piscine intérieure, ses deux patinoires, son observatoire astronomique et son code d’habillement très strict, des alumni aussi prestigieux que John F. Kennedy, Dexter Southfield a des allures déplacées d’hacienda et tout de l’école américaine telle qu’on se la représente. Précisons cependant que le campus de Dexter Southfield accueille en réalité non pas une école mixte mais deux écoles séparées, l’une, Southfield School, pour les filles et l’autre, Dexter School, pour les garçons. Noah se révèle bon élève, même si beaucoup de professeurs lui reprochent un comportement un peu trop remuant.
2004. A l’approche de l’adolescence, Noah se rend compte que l’absence de gente féminine ne le pèse pas autant que ses amis, dont le sujet les fait bougonner à longueur de temps et qui tentent plusieurs fois par semaine de s’éclipser entre deux cours pour retrouver une élève de Southfield School.
Plus encore, il s’aperçoit qu’il ne déteste pas jeter un regard en biais à ses camarades lorsqu’ils se retrouvent tous dans les vestiaires avant le cours de sport. Il s’est même surpris une ou deux fois à se dire qu’il n’aurait pas été opposé à l’idée d’embrasser Noel Chase, le capitaine de l’équipe de lacrosse. A partir de ce moment-là, il fait bien attention d’utiliser la fonction « Navigation privée » de son moteur de recherche.
Septembre 2005. A l’entrée en classe de seconde, il rejoint le Diversity Club, l’association des élèves qui vise à promouvoir la tolérance vis-à-vis de sujets tels que l’ethnicité, l’appartenance religieuse, le genre, et l’orientation sexuelle. Trois mois plus tard, en décembre 2005, Elliott Turner, le vice-président de l’association, l’enlace derrière un arbre du parc pour l’embrasser.
23 juin 2006. Noah fait officiellement son coming-out. Son père ne lui adresse plus la parole pendant trois mois, le temps de « s’habituer à l’idée. » Sa mère se contente de l’étreindre avec des larmes au coin des yeux, et de ne rien dire. Cet été-là, au lieu de retourner dans l’Ohio chez son père, il se rend en Australie pour y faire davantage connaissance avec sa famille maternelle.
Septembre 2008. Diplômé de l’enseignement secondaire, Noah entre en Licence Géographie et Aménagement à l’Université de Boston, sur les conseils de son père, qui souhaite le voir reprendre un jour la compagnie que lui et Mason ont créée. Sa mère pince les lèvres sans rien dire.
14 mars 2009. Noah a pris sa voiture pour se rendre sur un important complexe de construction, situé à une centaine de kilomètres de Boston et sur lequel il est supposé rendre un dossier pour l’un de ses plus sévères professeurs à la fin du semestre ; il est déjà à une trentaine de kilomètres de Boston quand le pneu de sa voiture explose. Noah jure quand la voiture fait une embardée, mais il parvient à rattraper la trajectoire sans causer d’accidents et à se garer sur le côté de la route. Il a déjà son téléphone dans la main pour appeler un dépanneur quand une Jeep militaire se gare derrière lui.
Noah a l’impression d’avoir basculé dans un fantasme directement sorti de Top Gun quand le conducteur en descend – parce que Noah n’a jamais considéré l’uniforme comme particulièrement sexy, mais n’importe quelle personne qui se respecte a forcément trouvé Tom Cruise à tomber dans son uniforme de l’US Navy. Noah n’y connaît rien en uniforme, mais le badge lui indique qu’il s’agit là non pas de la Navy mais de l’US Air Force. Tom Cruise peut aller se rhabiller. La comparaison au fantasme s’arrête là, cependant, parce que rien de fantastique n’arrive ; au mieux, le militaire s’aperçoit que les compétences mécaniques de Noah sont très en-dessous de la moyenne. Noah insiste pour lui payer un verre un de ces jours, en guise de remerciements.
Avril 2009. Au fil des semaines, le verre devient verres, puis restaurant, puis restaurants. Ils s’embrassent le 20 avril, et Noah découvre l’enfer Don’t Ask Don’t Tell, cette loi américaine instaurée sous Clinton qui interdit quiconque « démontrant une propension ou ayant l’intention de s'engager dans des actes homosexuels » de servir dans les forces américaines, parce que cela « créerait un risque inacceptable contre les hauts standards moraux, l'ordre, la discipline et la cohésion qui forment l'essence des capacités militaires. » La seule lecture de ces lignes fait monter une vague de bile amère dans la gorge de Noah, et il aimerait pouvoir les brûler, les déchirer, les faire disparaître.
Parce que la découverte de leur relation par l’administration reviendrait pour son compagnon à devoir démissionner et abandonner sa carrière, elle devient un secret honteux ; Noah n’approche jamais la base Air Force de Hanscom, où il réside dans les dortoirs, leurs rendez-vous sont furtifs, toujours à Boston, toujours loin d’Hanscom, et leurs nuits sont courtes, presque clandestines, dictées par le rythme des permissions. Noah s’étonne que leur liaison se développe comme une plante en pleine lumière dans ces conditions ; elle aurait dû mourir et pourrir depuis longtemps, mais elle résiste, prend racine, s’épanouit.
18 décembre 2010. Alors qu’ils sont ensemble depuis un an et demi, le Sénat abolit la loi Don’t Ask Don’t Tell par 250 voix contre 175. Une semaine plus tard, le jour de Noël, et même si Don’t Ask Don’t Tell continuera à être mise en application jusqu’au 20 septembre 2011, ils se fiancent. Ils n’en parlent pas, mais ils ont des projets, des projets communs, comme emménager ensemble, qu’ils doivent repousser tant que Noah est à l’université, mais qui n’ont plus si longtemps à attendre.
Juin 2011. Noah est diplômé de Licence en Géographie et Aménagement ; il décide de poursuivre sur un Master à la rentrée de septembre 2011.
Février 2012. L’ordre de réassignation arrive par lettre, mais ç’aurait tout aussi bien pu être une bombe. Hawaï. Peut-être pas aussi loin que l’Australie natale de sa mère, mais en plein milieu de l’océan Pacifique. Noah ne
peut pas déménager à l’autre bout du monde ; il n’est pas sûr de le vouloir. Ils décident de tenter le coup ; peut-être que les relations à distance sont moins destinées à l’échec que Noah le croyait jusqu’à présent.
Novembre 2012. Tout juste huit mois après le départ de son fiancé pour Hawaï, huit mois de correspondance, de conversations vidéo, huit mois de solitude vive comme une plaie ouverte, huit mois de jalousie et d’anxiété palpitantes au creux du ventre, huit mois de frustration, Noah cède à la tentation. Ce n’est qu’une nuit, anonyme et pourtant intime, mais elle brûle en permanence dans son cerveau comme un tisonnier oublié dans un brasier ; Noah n’en parle pas, ne confesse pas. Après huit mois de séparation, leur relation semble un souvenir, ce qu’ils ont maintenant de simples vestiges de ce qu’ils partageaient auparavant ; voir son visage sur son ordinateur ne parvient pas à le convaincre qu’ils partagent encore quelque chose de
réel. Il se tait. Loin des yeux, loin du cœur.
Juin 2013. Noah termine ses études de Master ; il est officiellement diplômé en géographie et Aménagement, spécialité Développement Urbain et Affaires Immobilières.
26 juin 2013. La Cour Suprême des Etats-Unis abolit le Defense of Marriage Act, qui stipulait que les couples homosexuels mariés à l’échelle de leur état ne pouvaient prétendre aux avantages réservés aux couples de sexe opposés mariés par le gouvernement fédéral. Noah songe que s’ils se mariaient maintenant, au Massachusetts, ils pourraient prétendre à être véritablement égaux aux autres couples. Ils n’en parlent pas ; Noah sait que son fiancé voudrait lui proposer de le rejoindre, mais il sait que Noah ne souhaite pas vivre à Hawaï. Quelque part, Noah est convaincu que tous les deux savent que leur belle liaison se dirige droit dans le mur.
1er août 2013. Noah prend ses fonctions de promoteur immobilier dans la compagnie de son père.
12 novembre 2013. Hawaï légalise le mariage homosexuel. La nouvelle prend Noah à la gorge. Le lundi suivant, Noah soumet à son père un projet immobilier d’envergure. Sa suggestion : envoyer un expert immobilier à Hawaï pour explorer les opportunités de développement urbain dans l’archipel, et saisir à la racine un nouveau marché grandissant : celui des Américains aisés, désireux de faire acquisition d’un bien sur une île idyllique sans quitter le territoire national. La hausse de la demande et la stagnation de l’offre de logements en font le moment idéal pour investir. La construction à Hawaï de logements destinés au nombre grandissant de retraités et de ménages de la classe supérieure sur le continent est une initiative lucrative, soutient Noah. La situation géographique de l’île suppose de nombreux défis d’aménagement, mais ceux-ci peuvent être surmontés, en réhabilitant de vieux immeubles, en bâtissant plus haut, et en compensant le peu d’enthousiasme de la demande pour les complexes d’immeubles par un design moderne et l’ajout d’installations de premier plan : parcs, piscines, centres commerciaux. La conjecture est telle que chaque investissement sera rentabilisé au centuple en un rien de temps.
Noah n’est pas un idiot et Thomas et Mason Brown le savent ; les études de marché se tiennent, les courbes des graphiques sont prometteuses. Ils s’accordent sur un projet-test ; un terrain à acheter, un immeuble à concevoir, un projet à promouvoir. Un investissement relativement sûr, facilement amorti en cas de souci. Noah n’aura pas intérêt à foirer son coup.
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