"papa ? qu'est-ce qu'elle a maman ?" accroupi près du lit, j'observais ma mère qui ne cessait de tousser. elle souffrait, je pouvais le voir sur son visage. mais elle faisait tout son possible pour garder son sourire face à moi. elle me caressa les cheveux tandis que mon père posa délicatement sa main sur mon épaule. "elle est malade et très fatigué, laissons la tranquille.." je posais alors mon regard dans celui de mon père qui se voulait rassurant. il esquissa un léger sourire. "est-ce qu'elle va mourir ?" mon père lança un regard inquiet à ma mère qui s'empressa de répondre. "non, bien sûr que non ma puce. je dois simplement me reposer, ça ira mieux demain." elle déposa un baiser sur mon front puis mon père me raccompagna dans ma chambre. "bonne nuit papa."

plus les jours avançaient, plus l'état de ma mère s'aggravait. beaucoup trop jeune à l'époque pour comprendre son cancer, aujourd'hui j'étais là pour elle. je voyais alors ma sœur dans cette même incompréhension et inquiétude que j'avais à son âge. c'était donc à mon tour de la rassurer et lui dire que tout irait bien. je n'étais qu'une adolescente qui tentait de subvenir aux besoins de sa famille. chaque jour je faisais de mon mieux. c'est ce combat qui m'apprit bien vite à devenir mature et indépendante. mes parents avaient entièrement confiance en moi. lorsque mon père tomba durant quelques mois en dépression, je me devais d'être présente pour ma sœur. je jouais le rôle que ma mère ne pouvait malheureusement pas assumer dans son état.

les rendez-vous à l'hôpital et les traitements se sont enchaînés permettant à ma mère d'aller de mieux en mieux. étant donné qu'elle ne pouvait plus reprendre son métier, elle s'est démené pour ma sœur et moi. mon père s'est sorti de sa dépression et nous faisions du mieux que nous pouvions. seulement après ça, d'autres problèmes se sont créés. nous manquions cruellement d'argent et les traitements de ma mère n'étaient pas donnés. j'ai donc décidé d'arrêter le lycée afin de trouver du travail. mes parents n'étaient pas vraiment, ils estimaient que ce n'était pas à moi d'assumer tout ça. mais déjà têtue à l'époque, j'étais déterminée à faire n'importe quel job. une fois inscrite dans une boîte d'intérim, j'ai eu plusieurs petits boulots. certes ce n'était pas grand-chose, mais c'était déjà ça.

un jour, ma mère fit une grosse rechute. les médecins ne savaient même pas si elle allait y survivre. heureusement le pire n'était pas arrivé. en revanche, elle était en fauteuil roulant et ne pouvait pratiquement rien faire. s'en était trop pour moi. je ne pouvais plus supporter de voir ma mère dans cet état. c'est alors qu'une amie m'a proposé de partir quelques jours en vacances à Honolulu, histoire de me vider l'esprit et de penser à autre chose. je me sentais mal de faire une chose pareil, je ne pouvais pas les abandonner. et puis je n'avais que vingt ans, mais lorsque j'ai soumis cette idée à mon père, il n'hésita pas une seule seconde. "vas-y ma chérie. part ça te fera le plus grand bien. ne t'en fais pas pour ta mère et ta sœur, je suis là. tu as faits bien plus pour nous que tu l'aurais dû. il est temps que tu penses à toi." les larmes aux yeux, je quittais alors la maison en direction d'honolulu.

cela faisait quelques jours que nous étions arrivées mon amie et moi. effectivement, ce voyage me faisait le plus grand bien. n'ayant pas vraiment eu d'adolescence, je découvrais les joies des sorties, des boîtes de nuit et j'en passe. je n'avais pas vraiment d'amis dans le quartier ou je vivais, mais ici les mecs me regardaient différemment. c'est à honolulu que j'ai pris ma première cuite, que j'ai couché pour la première fois, que je suis entré dans ma première boite de nuit. tant de souvenirs et si peu de temps pour s'en créer de nouveaux. je devais rentrer auprès de ma famille. je mentirais si je disais que je n'étais pas triste de quitter hawaii. je ne m'étais jamais senti aussi vivante qu'ici.

le jour tant redouté était arrivé. bagages à la main nous nous apprêtions à quitter l'hôtel lorsque mon amie s'arrêta. voyant qu'elle ne me suivait plus, je me retournais. un large sourire se dessina alors sur son visage. "et si on restait ?" "t'es complètement folle !" "allez beth, tu sais autant que moi ce qui t'attend quand tu vas rentrer chez toi. tu vas reprendre les petits boulots, avoir un salaire de misère. ici la vie est simple, tu pourras joindre ta famille autant que tu veux." "oui mais ma mère, ma sœur..." "ils s'en sortiront très bien sans toi. ta mère va mieux depuis quelques jours et puis ils pourront nous rendre visite." rien que de pensait à l'éventualité de rester me faisait culpabiliser. "il faut que je réfléchisse..." quelques heures plus tard, ma décision était prise. mes parents trouvèrent cette idée géniale et étaient plus qu'heureux de savoir que ma vie se passait pour le mieux à hawaii. ma soeur fut très triste mais après l'avoir rassuré, elle accepta elle aussi ma décision.

cela faisait deux ans que je vivais à honolulu. au fur et à mesure des années, je me suis forgé une carapace et j'ai pris de l'assurance. ici je ne veux pas être faible, je veux reprendre ma vie en main. le peu d'argent que me procurait mon job de barmaid me permettait d'envoyer de l'argent à mes parents tous les mois. seulement j'avais trop peu de moyens pour vivre. "et si tu devenais escort girl ?" je levais les yeux au ciel. "décidément toi t'es complètement tarée" "réfléchie beth, regarde comment les clients te regardent au bar et puis t'es plutôt sexy." mon amie me fit un clin d'œil ce qui m'arracha un sourire. "les clients qui viennent sont tous des vieux pervers, donc merci mais non merci." "et alors ? je te dis pas de te prostituer. tu offres juste ta compagnie pour des soirées à de vieux hommes riches, et puis ils ne sont pas tous moches. pense surtout au fric que tu pourrais te faire." sur ce point-là, elle n'avait pas tort. après m'être renseigné, faire escort girl rapportait plutôt bien. même très bien. j'ai donc décidé d'essayer pour une soirée, puis deux, puis trois. et j'y ai pris gout. les hommes que j'accompagnais m'offraient en général de beaux cadeaux et ne parlons même pas du salaire. j'en ai donc fait mon métier. mes parents ne savent pas comment j'arrive à leur envoyer autant d'argent et tant mieux. je ne voudrais pas qu'ils aient une mauvaise image de moi.

et voilà, aujourd'hui cela fait quatre ans que je vis ici. j'avance tant bien que mal dans ma petite vie d'hawaïenne et tout se passe pour le mieux . j'ai même rencontré un mec, Dean. il est gentil, un petit plus âgé que moi et surtout très sexy. on a passé plusieurs nuits ensemble, seulement je ne sais pas quoi penser de notre relation. il a beau me prévenir à chaque fois que ce n'est pas du sérieux, j'ai envie de plus. seul l'avenir nous donnera une réponse de toute façon. en attendant je croque ma nouvelle vie à pleine dent.