Tu voulais le rendre fier. Mais, tu n'avais au final rien obtenu. Ni sa fierté, ni la gloire. Tu voulais le rendre fier. Oh oui...si fier de toi. Pour lui montrer à quel point toi aussi tu pouvais être grand. A quel point toi aussi tu pouvais être important. Pourtant, tu n'avais rien obtenu. Juste la douleur. Juste les pleurs. Parce que la nuit, tu ne pouvais plus fermer les yeux. Parce que tu les avais vus tomber, comme toi tu étais tombé. T'avais tout fait pour les sauver, tout fait pour les tirer de là. Mais tu étais tombé. Douloureusement, les yeux vitreux, le cœur douloureux. Tu voulais tellement le rendre fier. Il ne t'avait jamais rien dit. Jamais rien montré. Doucement, tu fermas les yeux. Parce que tu te sentais con. Parce que tu voulais arrêter de pleurer, arrêter d'être hanté. Par le sang, par les morts. Mort de ton cœur, mort de ton âme. Tu voulais arrêter d'entendre les cris, d'entendre les coups. Coups de feu, coups dans l'âme. Hanté. Terrorisé. T'arrivais plus. Plus depuis que tu étais rentré. Couché sur un brancard. Tu n'y arrivais plus. Et pourtant, la vie continuait d'avancer.

Pourtant t'avais mal au cœur, mal à l'âme. Mal dans le corps. Corps inconnu, corps déformé. Parce que tu ne te reconnaissais plus. Parce que ne voulais plus te regarder. Pour voir ce reflet brisé, ce corps amaigris. Corps de soldat, corps de mort. On t'avait ramené, on t'avait donné cette médaille. Si laide à tes yeux. Parce que tu n'avais rien fait. Sauf essayer de les sauver. Tu n'avais rien fait, sauf te faire cribler de balles. Encore aujourd'hui, tu te demandais comment tu pouvais être là. En vie. En survie.

T'avais juste essayé de les sauver.

Et, tu n'y arrivais plus. Partant à la dérive. Bateau sans voiles, bateau sans marin. Un corps vide d'âme, un corps vide de vie. Tu te laissais aller. Un peu trop. Parce que tu te détruisais, sous le regard impuissant de ta mère. Inquiète, triste. Pitié. Tu la détestais. Oui, tu la haïssais. Parce qu'à cause d'elle, t'étais là, comme un con. Dans cet avion en direction de...chez ton père. Tu voulais le rendre si fier. Tu avais tout perdu. Tu ne voulais pas y aller. Mais, le juge, le psy l'avait décidé. Parce que tu n'étais plus capable de t'occuper de toi. Parce qu'il allait te remettre dans le droit chemin. Avec son regard froid et son gant de fer. Tu voulais le rendre fier. Tu y avais perdu la vie. Vie de survie, vie brisée.

Tu voulais le rendre fier.