We come and we go
Need something to chase
Hard to remember what we left behind
But you're hand in mine is hard to erase

Le soir approche à grand pas, les plages se vident peu à peu des touristes et font place aux locaux désireux de profiter des dernières heures de soleil, d'un jogging ou d'une partie de ballon sur le sable encore tiède. C'est aussi l'heure favorite de quelques surfeurs favorisant la douceur du soir à la vigueur des vagues matinales. Nalani a quitté la base il y avait à peu près 45 minutes, pas plus. Elle avait tourné en voiture, hésitante. N'avait ni envie de rentrer dans son appartement vide, ni envie de voir du monde. Elle finit ainsi par s'arrêter dans une petite rue donnant non loin de la plage.

Nalani est toujours en tailleur sur mesure de travail, arme coincée à la ceinture, pieds nus dans les grains dorés et pantalon retroussé. Notre jeune femme s'avance avec prudence. Le lieu lui rappelle un tas de souvenirs. Elle évite pourtant les groupes de personnes présentes avec précaution et laisse sa chienne Lahela gambader sans tracas. Elle pose sur le canidé un regard tendre et presque envieux. Car elle, contrairement à son maître, ne se prive pas d'aller saluer d'autres âmes qui vivent. Nalani peut sentir quelques regards sur sa personne. Il faut dire qu'elle ne passe pas spécialement inaperçue en telle tenue. Elle détourne la tête et s'éloigne d'avantage. Il y a plus de monde que ce qu'elle n'aurait cru. Se rapprochant de l'eau, elle se laisse bercer par le bruit des vagues qui viennent s'écraser avec force à ses pieds. Au loin, des habitués de la planche s'en donnent à coeur joie. Nalani fut un jour l'une d'entre eux. Une jeune femme pleine de vie en communion parfaite avec la nature et le dieu des mers. Aujourd'hui, c'était différent. L'appel du surf était toujours présent mais plus étouffé en elle et surtout largement dominé par la peur d'un jour devoir dévoiler son corps meurtri ...

Les minutes passent mais Nalani n'arrive pas à se détendre comme elle l'aurait espéré. C'est ainsi qu'elle finit par tourner les talons, dos à la mer et prête à remonter du côté de la ville. Le vent qui se lève peu à peu balaye ses cheveux foncés et lui apporte le rire de quelques personnes. Il accentue le bruit des vagues et par un étrange tour de magie, semble presque souffler son nom. Elle n'y prête pas vraiment attention, pas jusqu'à ce que le cri étouffé se fasse plus soudainement plus clair. Nalani s'arrête, cherche du regard et tombe sur l'image d'une silhouette au loin, en course vers elle. Elle fronce les sourcils, intriguée. Son coeur s'emballe automatiquement. Elle n'aime plus les surprises. Stoppée en plein élan, elle attend, immobile, comme paralysée avant d'enfin se remettre à respirer ... Kalyne ... Elle peut enfin la reconnaître, son visage, ses yeux, ses traits. Un fin sourire vient naître au bord de ses lèvres. La vision du passé est tout aussi douce que douloureuse mais la nostalgie que lui provoque ces retrouvailles ne sont pas que déplaisantes. Elle s'approche ... Kalyne ? ... Mon Dieu tu es ... superbe ! Ses mains viennent instinctivement se poser de part et d'autre du visage de la jeune fille. Elle l'observe avec attention et peut aisément retrouver la gamine qu'elle était dans le fond de ses iris. Mais la belle a changé, beaucoup. Comme épanouie. Le papillon était sorti de sa chrysalide. Des deux fleurs qu'elles représentaient l'une avait éclôt avec charme et l'autre semblait peu à peu se laisser faner ... Alors sans réellement savoir quoi ajouter, Nalani se contenta de prendre Kalyne dans ses bras. Une accolade valait mieux que mille mots. Et puis de toute façon, Nalani n'était plus aussi bavarde qu'avant